Portraits Claude Ballif

Claude Ballif, compositeur (1924-2004)

Autoportrait*

Je suis de la génération qui s’est activée immédiatement après la Deuxième Guerre mondiale. Les années de 1945 à 1950 ont été pour moi décisives dans mes choix esthétiques. Je découvrais une musique mondiale : américaine (Ives, Cowell, Cage et le jazz), autrichienne (Schoenberg, Webern, Berg), française (Satie, Messiaen pour le XXe siècle, et Machaut, Ockeghem pour le Moyen Âge et la Renaissance), italienne (Gesualdo, Vicentino), russe (Moussorgski, Scriabine).

J’ai compris le renouveau musical apporté par Machaut pendant deux siècles, en France et en Europe, celui de Bach, qui a duré jusqu’à Bartók, enfin celui de l’offrande dodécaphonique offerte par Webern. J’ai médité aussi l’importance esthétique de Satie pour le Groupe des Six et Stravinski, celle de Hába et de Wyschnegradsky pour les micro-intervalles. J’ai senti l’importance de la Aufhebung de Hegel pour discerner les faux dualismes (tonalité-atonalité) et la leçon de psychologie apportée par Bergson dans La Pensée et le mouvant, et celle du savoir et de l’esprit scientifique exprimés par Bachelard dans La Dialectique de la durée et L’Intuition de l’instant.

Une profonde amitié avec le philosophe Jean Wahl, Andréas Rónaï, élève de Bartók, Josef Rufer, élève de Schoenberg, Pierre Schaeffer (la musique concrète) m’a conforté dans mes idées de métatonalité trouvées dès 1949. Tout cela fait que j’ai mené mon travail sans heurts et avec liberté, sachant qu’on ne dévie pas si l’on a quelque chose à dire.

(*)Tiré des Ecrits de Claude Ballif, volume 1, édition Hermann

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